Season preview 2017-2018 : Pittsburgh Penguins

Eastern Conference – Metropolitan division


Un peu affaiblis, mais toujours affamés

 

Evgeni Malkin et Sidney Crosby. Le tandem terrible des Penguins a fait de lourds dégâts en playoffs (47 points en 25 matchs à eux deux).

Ils l’ont fait ! Favoris après une campagne 2016 dominée aussi bien dans le jeu que dans les résultats, les Penguins ont réussi l’exploit de remporter une deuxième Coupe Stanley consécutive il y a trois mois, un accomplissement inédit depuis près de 20 ans et les Red Wings de Scotty Bowman. Dans une ligue de plus en plus égalitaire, la prouesse est de taille pour l’équipe bâtit par le GM Jim Rutherford mais elle s’explique aussi surtout par la stabilité d’un effectif quasi-inchangé, contrairement aux vainqueurs des années précédentes. Moins dominateurs et chanceux par moments, les Pens n’ont néanmoins pas été épargnés par les blessures avec l’absence préjudiciable de leur défenseur numéro 1 Kris Letang.

Cette année la donne risque d’être un peu différente pour les champions sortants car, bloqué par un cap un peu trop serré, GMJR n’a pu resigner tout ses joueurs et a dû se résoudre à laisser filer des très bons éléments de soutien, devenus trop chers. Exit donc Nick Bonino, parti chez les finalistes malheureux de Nashville, exit aussi Trevor Daley recruté par les Red Wings, Matt Cullen reparti dans son Minnesota natal, ou encore Chris Kunitz, le fidèle lieutenant de Crosby qui n’arrivait plus à suivre le rythme et a déménagé à Tampa. Jim Rutherford s’est donc plutôt employé à faire resigner à ses jeunes pousses. Ainsi, Dumoulin (6 ans, 24,6M$), Sheary (3ans, 9M$) et le défenseur Justin Schultz (3ans, 16,5M$) se sont tous réengagés sur la durée dans la ville de l’acier.
Sur le marché des agents libres, Le GM s’est contenté de remplacer numériquement la perte de Daley par Matt Hunwick (3ans, 6,75M$) et le départ forcé du souriant Fleury par le vétéran Niemi (1 an, 700 000 $). Pour le reste, la franchise de l’ouest de la Pennsylvanie s’appuie sur une méthode qui a maintenant fait ses preuves : puiser dans son équipe affiliée.
A l’instar des centres de formation que l’on peut voir au football en Europe, Les baby Pens sont éduqués dans la durée afin de pouvoir jouer le même style et plan de jeu prôné par Mike Sullivan dans une équipe gagnante (15e année consécutive en playoffs). Ainsi, on a pu voir ces deux dernières années, des joueurs comme Rust, Sheary Wilson ou encore Guentzel réussir à s’adapter rapidement aux exigences de la NHL. Toutefois le manque d’un troisième centre two-way capable de tuer les pénalités reste un problème pour le front office et les rumeurs concernant le centre de Detroit Riley Sheanan vont bon train. Pour finir, Rutherford, échaudé par l’agression de Matt Niskanen sur Sidney Crosby lors des dernières séries, s’est défait de son premier choix à la draft de juin dernier pour recruter l’enforcer Ryan Reaves. Un échange «Old time hockey» assez incompris par la fanbase des Penguins, qui reproche au DG d’avoir paniqué sur ce coup-là. L’équipe de la City of Bridges se trouve donc affaiblie dans sa profondeur par rapport à l’année dernière mais peuvent toujours compter sur la meilleure colonne vertébrale de la ligue pour réaliser le fameux threepeat.
Crosby reste le numéro 1

Offensivement, l’effet Mike Sullivan semble toujours fonctionner, avec une moyenne de 3,39 buts marqués par match, les joueurs de Steel city ont caracolé en tête de la ligue. Et cela dans presque tous les domaines offensifs, notamment le nombre de tirs par match en moyenne (33,5). Seul le powerplay n’a pas eu cet honneur, finissant troisième avec 23,1% de réussite. Une attaque de feu donc, menée par le meilleur joueur de ligue, Sidney Crosby. Le Kid a encore démontré qu’il sera difficile de lui enlever ce titre officieux tant il a encore rayonné l’an passé : meilleur buteur, deuxième meilleur pointeur, MVP des playoffs, Crosby est surtout un énorme leader, moins pleurnichard que par le passé, il semble rendre tout le monde autour de lui meilleur, Les jeunes Jack Guentzel et Conor Sheary qui l’entoure au sein du premier trio ne vous diront pas le contraire. Guentzel (voir ci-contre) possède la vitesse et la compréhension du jeu nécessaire pour pouvoir suivre le kid et devrait définitivement exploser cette année. Sheary lui l’a fait l’an dernier en marquant 53 points en seulement 61 matchs. Rapide, Hargneux, adepte des batailles dans les coins malgré sa taille, il est plus col bleu, que son pendant à gauche et ne peut se permettre de baisser le rythme Faute de quoi son impact s’en ressent rapidement, comme durant les séries de juin dernier (7 points en 22 matchs).
Pittsburgh possède aussi la meilleure attaque car elle possède le meilleur deuxième centre de la ligue, honteusement oublié de la liste des 100 meilleurs joueurs de NHL l’an dernier (car Russe ?). Evgeni Malkin est, lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens, un des cinq meilleurs joueurs de la ligue. Gros, grand, fort, doté de mains incroyables, il est un talent intergénérationnel. Malheureusement pour les Pens, le Russe est fragile et a encore manqué 20 matchs cette année, sa moyenne depuis quatre ans. Malgré ça, il est toujours aussi efficace quand il joue (72 point en 62 matchs) et dirige avec brio la deuxième ligne des Penguins. A sa droite, Phil Kessel reste une valeur sûre. Vivement critiqué lors de sa dernière saison chez les Maple Leafs, il a prouvé que, bien entouré, il est l’un des meilleurs snipers de la ligue. Avec 70 points en 82 matchs dont 30 en PP (meilleur total chez les Pens) et 25 points en 23 matchs de playoffs, Phil the Thrill a trouvé son rythme de croisière et semble apprécié l’ombre de ses deux premiers centres. Ces deux all-stars seront assistés par Carl Hagelin. La fusée suédoise a clairement raté sa saison, jamais à 100%, souvent blessé, il n’a pas produit (22 points en 61 matchs) et a souvent paru brouillon avec le puck. Il aura eu tout l’été pour se refaire une santé.
Une santé qu’essayera aussi de retrouver son compatriote Patric Hörnqvist, souvent embêté par les blessures de par son jeu physique ultra engagé (il a d’ailleurs raté la pré-saison), qui se trouve donc relégué sur la troisième ligne. Précieux dans le PP pennsylvanien en se positionnant devant la cage, sa rage de vaincre communicative sera précieuse dans le vestiaire. Avec lui sur cette troisième ligne, Bryan Rust continuera d’apporter sa vitesse. Le couteau suisse américain aura un rôle de penalty killer encore plus prononcé avec le départ de Nick Bonino. Celui-ci parti, le poste de troisième centre est resté vacant tout l’été, personne ne semblant tenir la corde, la pré-saison a donc souri à Gregg McKegg. Le centre de 25 ans, volontaire et appliqué, a débarqué de Tampa Bay à l’été, il reste une solution de rechange et devrait selon toute vraisemblance repartir dans le club école, Pittsburgh restant officiellement à la recherche de la perle rare. Enfin, Carter Rowney, a saisi sa chance l’an dernier et profitera du départ de Matt Cullen pour animer la quatrième ligne. Pas flashy, le consistant et physique centre aura pour ailier gauche Scott Wilson, un autre produit de Wilkes-Barre. Doté d’un bon tir et d’un certain talent de marqueur (26 points l’an dernier), il sera l’atout offensif de ce trio. Ryan Reaves sera lui l’atout physique. Recruté après l’intervention plus que douteuse de Niskanen sur Crosby en mai dernier pour protéger les vedettes de l’équipe. Le serial hitter (239 hits, 5ème de la ligue) voudra prouver qu’il est plus qu’un goon.
Une défense en santé ?
Si Pittsburgh est l’une des meilleures attaques de la NHL, c’est plutôt défensivement que l’équipe devra progresser si elle désire atteindre une nouvelle fois le Graal. Avec 2,79 buts encaissés en moyenne l’an passé, l’arrière garde black and yellow ne se trouvait qu’aux 17ème rang de la ligue dans ce domaine. Une statistique aux multiples explications, parmi lesquelles le trop grand nombre de tirs laissés aux attaquants adverse (32,6 tirs par match, 28ème de la ligue ex-aequo), la baisse de l’efficacité de son PK passé du cinquième au vingtième rang (de 84,4% à 79,8%) mais aussi par les nombreuses blessures dont celle du joueur clé de cette ligne bleue. En effet, après avoir manqué 41 matchs et l’entièreté des séries éliminatoires à cause d’une blessure au cou, le défenseur étoile Kris Letang cherchera à mettre la guigne des blessures et ses 110 matchs ratés en quatre ans derrière lui. L’organisation lui a même demandé cet été de jouer plus prudemment. Le Québécois, troisième défenseur le plus prolifique au nombre de points par match lors des quatre dernières années (0,81) s’appuiera son patinage de classe mondiale ainsi que sur son endurance pour rehausser le niveau de cette défense. Sur la première ligne, il sera accompagné par le grand Brian Dumoulin, qui progresse d’année en année. L’Américain n’a peut être pas l’étoffe d’un défenseur de première paire mais complète admirablement son partenaire canadien. Solide dans sa zone, courageux et très discipliné, il utilise très efficacement son bâton et sa portée pour annihiler les offensives adverses proprement. Son apport offensif reste cependant encore trop faible.
A l’opposé, son équipier Justin Schultz a lui explosé l’an dernier, confirmant pour la première fois la hype qui avait accompagné son arrivée à Edmonton en 2012. Avec 51 points, il s’est affirmé dans un rôle de quart-arrière mobile de deuxième ligne et s’en est vu récompensé par un contrat de trois ans (5,5M$). Il forme d’ailleurs sur cette deuxième unité un duo assez similaire à la première ligne avec le défensif Ian Cole. L’ancien Blue s’est révélé l’an dernier en formant une des meilleures paires de la ligue à forces égales avec l’ex-Oiler. Dur sur l’homme, rugueux Cole n’hésite pas à frapper (164 hits), ni à se sacrifier pour l’équipe, comme le montrent ses 194 tirs bloqués (3ème de la ligue). Cole possède aussi une bonne première passe qui lui a permis d’atteindre un record de 26 points. Il a donc dépassé dans la hiérarchie le jeune Finlandais Olli Määttä qui se retrouve sur la troisième ligne. Tout comme
Létang, Määttä n’a pas été épargné par les blessures, manquant 104 matchs lors des trois dernières années, Prometteur avant ces blessures, il semble avoir perdu de la confiance et a parfois pu sembler dépasser l’an dernier. Doté d’un excellent hockey IQ et très polyvalent, il a été plus efficace durant les playoffs et devrait retrouver son niveau cette année. Le nouveau venu Matt Hunwick, arrivé de Toronto en tant qu’agent libre, complètera cette troisième ligne. Bon patineur, le petit défenseur apportera sa mobilité et son expérience à la défense des pens. Il arrive aussi car l’espoir Derrick Pouliot commence de plus en plus à ressembler à un bust, le huitième choix de la draft 2012 ne parvient tout simplement pas à s’adapter aux exigences de la NHL, un changement d’air pourrait lui être profitable.
Devant le filet, Matt Murray est maintenant devenu l’incontestable numéro 1 avec le départ (un peu forcé) du facétieux Marc-André Fleury chez les Knights de Las Vegas. Blessé en début et fin de saison, il est revenu pendant les playoffs pour remporter sa deuxième Coupe Stanley en autant de participation. Encore considéré comme un rookie l’an dernier, l’un des meilleurs espoirs à son poste a confirmé ce statut avec des chiffres impressionnants (923% d’arrêts, 7ème de la ligue et 32 victoires en seulement 49 matchs). Fleury parti, Rutherford a signé finlandais Antti Niemi pour seconder son gardien. Auteur d’une saison épouvantable à Dallas (892%) et même si il n’est plus le gardien qui avait gagné la coupe en 2010, il cherchera à rebondir dans une équipe plus solide et jouer moins régulièrement devrait l’aider dans sa tâche. Le jeune Tristan Jarry, titulaire en AHL, reste une option décente en cas de blessures et/où de grosse contre performance.

Le lineup probable

Jack Guentzel (#59) – Sidney Crosby (#87) – Conor Sheary (#43)
Patric Hornqvist (#72) – Evgeni Malkin (#71) – Phil Kessel (#81)
Carl Hagelin (#62) – Greg McKeeg (#13) – Bryan Rust (#17)
Scott Wilson (#23) – Carter Rowney (#37) – Ryan Reaves (#75)
Tom Kühnhackl (#34)

Brian Dumoulin (#8) Kris Letang (#58)
Ian Cole (#28) – Justin Schultz (#4)
Olli Määtä (#3) – Matt Hunwick (#22)
Derrick Pouliot (#51)

Matt Murray (#30)
Antti Niemi (#31)

Coach: Mike Sullivan


Pittsburgh_Penguins_logoPITTSBURGH PENGUINS 
Création: 1967
Propriétaires: Mario Lemieux, Ron Burkle, depuis 1999.
Patinoire: PPG Paint Arena
Palmarès: 5 Stanley Cups (1991, 1992, 2009, 2016, 2017)
Equipe affiliée AHL:
Wilkes-Barre/Scranton Penguins

L’AN DERNIER
2e
de la Conférence Ouest avec 111 points.
Vainqueurs de la Coupe Stanley face aux Predators de Nashville (4-2)
Meilleur pointeur et buteur : Sidney Crosby (89 points, 44 buts).

Le joueur à suivre :
JAKE GUENTZEL

Auteur d’une entrée fracassante dans la ligue en novembre dernier avec un doublé pour son premier match, le reste de la saison de Guentzel a suivi le même chemin. Après ses 33 points en 40 matchs de saison régulière, Guentzel s’est surtout révélé à la face du monde du hockey en terminant meilleur buteur des séries éliminatoires avec 13 buts (21 points), à un but du record de Dino Ciccarelli datant de 1981. Bien calé à la gauche de Sidney Crosby, Le petit mais rapide Américain ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin, en témoigne sa prolifique présaison (9 points en 3 matchs). Vif, Intelligent et disposant d’un tir qu’il déclenche très rapidement, il a les cartes en main pour confirmer qu’il a tout d’un futur grand.

La relève :
LE RÉSERVOIR EST VIDE

Daniel Sprong

Classement ESPN : 31e. Quand ils ne l’échangent pas à la trade deadline, ils le font au repêchage. Cette année encore l’État-major s’est débarrassé de son premier choix (31e overall) pour acquérir Ryan Reaves. La profondeur du prospect pool s’en ressent donc plus que jamais. Néanmoins, l’avenir au poste de gardien semble assuré pour longtemps avec, en plus de Murray, avec deux solides espoirs : Tristan Jarry (44ème overall en 2013) et Filip Gustavsson (55ème en 2015). Le premier vient de réaliser une très bonne saison en AHL (92,5% d’arrêts de moyenne en 45 matchs) pour sa première année en tant que titulaire. Le second est lui un espoir à plus long-terme et pourra remplacer Jarry dans le cage du club école dans un ou deux ans.  Pour le reste, aucun espoir de premier plan ne se démarque si ce n’est Daniel Sprong (45ème en 2015). Le néerlandais, doté d’un tir surpuissant, est bien revenu après une délicate opération à l’épaule et devrait tranquillement progresser chez les baby pens. Les Pens ont aussi signé ce printemps le power forward Zach Aston-Reese. Meilleur pointeur de la NCAA l’an passé, il semble s’être bien acclimaté en AHL. Ensuite, les Pens s’appuient sur une fillière NCAA qui a fait ses preuves avec l’undrafté Adam Johnson, un centre two way qui doit encore s’épaissir ou encore Sam Lafferty (113ème en 2014), un autre projet à long terme. En défense, Zachary Lauzon, drafté en 51ème position en 2016 semble déjà être le meilleur espoir. Le Québécois, meilleur défenseur la LHJMQ l’an dernier semble cependant limité offensivement. Dylan Fink, un autre joueur non drafté de NCAA pourrait surprendre en AHL, défenseur mobile de 24 ans, il sort d’une saison de 36 points en 41 matchs avec UMass-Lowell..

Le pronostic de TPPQB

Si le dernier doublé datait de 20 ans, le dernier triplé date lui de 34 ans, l’ère des dynasties. Pourtant, avec l’éclosion des baby-Pens et un effectif plutôt stable malgré la perte du précieux Bonino, l’équipe du capitaine Crosby apparaît comme favorite face aux équipes prétendantes frustrés depuis maintenant deux ans. S’ils conservent cette soif de victoire, Les Pens devraient lutter avec les Capitals pour la tête de la division métropolitaine, et, comme l’an dernier, l’affrontement probable entre les deux cadors de la division en demi finale de conférence devrait être décisif pour la suite.