Season preview 2016-2017 : Carolina Hurricanes
Eastern Conference – Metropolitan division
Promesses
Le retour au sommet des Canes prendra du temps. La franchise de Raleigh s’est engagé depuis deux ans dans un processus de reconstruction en bonne et due forme, qui l’a conduit, l’an passé, à se séparer de son capitaine historique, Eric Staal, échangé aux Rangers. Un trade qui a permis aux Hurricanes de récupérer deux choix de deuxième ronde et de donner un petit coup d’accélérateur à sa stratégie. Mais la véritable bonne nouvelle de la saison dernière est plutôt à chercher sur la glace. Le groupe drivé par Bill Peters a connu une progression spectaculaire, ajoutant 15 points à sa récolte de l’année précédente. Une progression due en bonne partie à l’émergence d’une brigade défensive jeune et talentueuse, incarnée par Brett Pesce, Jaccob Slavin, et Noah Hanifin.
Insuffisant toutefois pour rejoindre les playoffs, la faute à une attaque au rendement insuffisant (27e de la ligue avec 2,39 buts par match). Ron Francis, le DG, a donc cherché à injecter un peu de qualité et signé Lee Stempniak (2 ans, 5M$) et Viktor Stalberg (1 an, 1,5M$). Surtout, le patron des Canes a utilisé, un peu comme son confrère d’Arizona John Chayka, sa place sous le plafond salarial pour récupérer un joueur de talent. Il a ainsi accepté d’accueillir Bryan Bickell, délestant Chicago de ses 4M$ de salaire… et récupéré dans l’échange l’excellent Teuvo Teräväinen pour un coût modique (un choix de deuxième ronde en juin dernier, un de troisième en juin prochain). Francis a également fait un peu de ménage, délestant son roster des Wisniewski (rachat de contrat), Terry, Nash, Gerbe, Jordan, Boychuk et Malone. Il a par contre retenu les services de Ryan Murphy (2 ans, 1,575M$), et surtout de Victor Rask, qui a connu une progression spectaculaire l’an dernier et a rempilé pour 6 ans et 24M$. Un contrat qui pourrait, à terme, être une très bonne affaire pour la franchise de Raleigh. Plus surprenant, Francis a aussi prolongé Cam Ward (2 ans, 6,6M$), malgré une saison une nouvelle fois médiocre du gardien canadien.
On attend plus de Lindholm
L’attaque, on le disait plus haut, a été le point noir de la saison des Hurricanes l’an passé. A 5 contre 5, mais aussi en avantage numérique (24e de la ligue avec 16,8% d’efficacité). Pour tenter de faire mieux cette année, les Canes s’appuieront sur trois trios offensifs. Le premier associera Jeff Skinner, Victor Rask et Lee Stempniak. Skinner est un ailier très talentueux, mais les blessures et une certaine irrégularité l’ont pénalisé jusqu’à présent. La bonne nouvelle, c’est qu’il a disputé 82 matchs la saison passée, une première depuis sa saison rookie. Et qu’il a, pour la troisième fois de sa carrière, effacé la barre des 50 points. Rapide, très adroit et intelligent, Skinner a les moyens de devenir un leader d’attaque pour les Canes. Au centre, Victor Rask a connu une progression des plus intéressantes l’an dernier, passant de 33 à 48 points. Le Suédois est un playmaker adroit, qui patine bien et est toujours impliqué dans l’aspect défensif du jeu. A 23 ans, il devrait poursuivre sa progression pour devenir un centre top 6 fiable. Le trio sera donc complété par le vétéran Lee Stempniak, qui semble s’être fixé pour mission de s’approcher du record de Mike Sillinger, qui a évolué dans douze franchises NHL différentes. Avec Carolina, Stempniak en est à sa dixième escale. Il sort de sa meilleure saison offensive en carrière (51 points), une saison partagée entre New Jersey et Boston. C’est un buteur pas dépourvu de talent, notamment un bon tir et un bon coup de patin, mais très irrégulier.
Du talent, les trois attaquants nordiques qui occuperont le deuxième trio, n’en manquent pas. Le Suédois Elias Lindholm, 5e choix overall de la draft 2013, n’a pas encore tenu ses promesses. Comparé à Nicklas Bäckström lors de son année de repêchage, il est encore loin du niveau du complice d’Ovechkin à Washington, et a buté, pour la deuxième année consécutive, sur la barre des 40 points. Si les Canes veulent passer un cap, il faut que la progression de Lindholm s’accélère. C’est un peu la même chose pour le Finlandais Teuvo Teräväinen, bourré de talent et de créativité, mais qui n’a pas su construire sur des playoffs 2015 très réussi avec Chicago. L’an dernier, Artemi Panarin lui a volé la vedette, et « TT » s’est contenté de 35 points. L’ancien Blackhawk peut faire beaucoup mieux dans une configuration où il aura plus de responsabilité. Sebastian Aho (lire ci-contre), son compatriote, arrive lui précédé d’une hype considérable. Brillant playmaker, il va devoir, à 19 ans, se faire aux exigences du jeu nord-américain. S’il y parvient rapidement, il a le talent pour devenir un joueur top 6 au niveau NHL.
Sur la troisième unité, on devrait retrouver Jordan Staal, désormais seul représentant de sa famille puisqu’Eric et Jared ont quitté la Caroline du Nord. L’ancien Penguin doit désormais être le leader des Hurricanes. Il a connu l’an dernier une bonne saison offensive, atteignant le plateau des 20 buts (et 48 points) qu’il n’avait pas touché depuis quatre ans, et trouvé une certaine complémentarité avec Andrej Nestrasil et Joakim Nordström. Le Tchèque, récupéré chez les Red Wings voici deux saisons, connaissait des débuts prometteurs jusqu’à ce qu’une fracture à une vertèbre ne mette un terme à sa saison dès février (23 points en 55 matchs). Nestrasil est un ailier gros gabarit, qui dispose de belles mains, et semble avoir les moyens de s’installer dans un rôle d’attaquant top 9. Joakim Nordström, lui, a profité de l’occasion offerte lorsque Carolina l’a récupéré en provenance de Chicago, où il peinait à se frayer un chemin jusqu’à l’équipe première. Sans être exceptionnelle (24 points, 10 buts), sa première saison est encourageante. Nordström ne sera sans doute jamais un scoreur de premier, voire même de deuxième trio, mais il peut contribuer offensivement, tout en jouant intelligemment dans sa zone, notamment en PK.
Le quatrième trio devrait, lui, être piloté par le spécialiste défensif Jay McClement, un centre expérimenté qui excelle sur le PK et sur les mises au jeu. On devrait lui adjoindre Viktor Stalberg, qui apportera un peu de scoring, et Bryan Bickell. L’ancien des Hawks joue gros cette saison, puisqu’il est en fin de contrat en juin. Avec Chicago, il n’a jamais su répéter ses performances des playoffs 2013, au point que Stan Bowman and co l’ont rétrogradé en AHL l’an dernier avant de s’en débarrasser cet été. Ce gros ailier robuste, capable, quand il est bien, de contribuer offensivement, mérite mieux, mais il va devoir se réveiller. Et vite. Car dans l’ensemble, les Hurricanes manquent encore trop de talent en attaque pour espérer une explosion offensive. Beaucoup de jeunes devront pour cela passer simultanément un palier. Un calcul un brin optimiste.
Une défense jeune et prometteuse
En défense, Carolina ne s’en est pas trop mal tiré l’an dernier (18e avec 2,7 buts encaissés par match), grâce notamment à un très bon PK (6e de la ligue avec 84,3% d’efficacité). Une défense qui repose beaucoup sur les épaules de Justin Faulk. Le défense américain, étrangement snobé par Team USA pour la Coupe du Monde, est l’un des défenseurs offensifs les plus complets de la ligue, grâce à un coup de patin et à un tir de grande qualité. Dans sa zone, il joue avec une intelligente simplicité. Sa dernière saison a toutefois été fortement perturbé par une blessure à la cheville. Il avait commencé sur un rythme échevelé, inscrivant trente points sur ses 36 premiers matchs, avant de s’éteindre. Il évoluera cette année avec Jaccob Slavin, l’une des révélations défensives de la saison (lire ci-contre).
Sur la deuxième unité, Noah Hanifin devrait faire équipe avec Brett Pesce. Hanifin a été l’un des trois joueurs de la cuvée 2015 avec Mc David et Eichel, à disputer la saison NHL dans la foulée du repêchage. Défenseur au gabarit solide, il patine avec aisance, et a inscrit une vingtaine de points pour ses débuts (4 buts, 18 passes). Il a réalisé un Mondial convaincant avec les Etats-Unis en juin. Sa maturité a impressionné, et on attendra beaucoup de lui cette saison. Quant à Brett Pesce, il a imposé son solide gabarit et son style sans fioritures dès sa première saison professionnelle. Choix de 3e ronde des Canes en 2013, Pesce a vécu une transition sans heurts entre le niveau NCAA et la NHL, ce qui n’est pas à la portée du premier venu.
La troisième paire devrait être drivée par le vétéran Ron Hainsey, qui a connu une saison intéressante sur le plan offensif (19 points). Avec 13 saisons NHL d’expérience, Hainsey est une présence rassurante dans le vestiaire des Hurricanes et sur la glace. Il pourrait être chargé de jouer les mentors pour l’un des espoirs de l’organisation, le solide Haydn Fleury, qui a bien rebondi l’an dernier en WHL avec Red Deer après une année post-draft moyenne. Fleury est un arrière mobile et physique, qui complètera bien l’alignement défensif s’il s’impose. Il devra toutefois écarter la concurrence du petit et très talentueux Ryan Murphy, qui, lui peine à s’imposer au plus haut niveau. L’an dernier, il a partagé son temps entre Raleigh et Charlotte, en AHL, inscrivant 10 points en 35 matchs NHL. Il manque toujours de rigueur et d’assurance dans sa zone, et tant qu’il ne corrigera pas ces défauts, aucun coach NHL ne lui fera confiance sur la durée.
Devant le filet, Carolina n’a pas vraiment été bien servi par son duo de gardien l’an passé. Arrivé de Vancouver pour amener de la concurrence, voire pour succéder à Cam Ward, Eddie Lack a failli l’an dernier, et son duo avec Ward a été le deuxième plus mauvais de la ligue après celui des Flames au pourcentage d’arrêts (90,2% seulement). Au final, c’est quand même le gardien canadien qui a eu le dessus, disputant 52 matchs, contre 34 pour son backup. Ce qui a sans doute poussé Ron Francis à conserver le vainqueur du Conn Smythe trophy 2006. Mais ce duo va devoir faire une toute autre impression l’an prochain.
Le lineup probable
Jeff Skinner (#53) – Victor Rask (#49) – Lee Stempniak (#21)
Sebastian Aho (#20) – Elias Lindholm (#16) – Teuvo Teräväinen (#86)
Joakim Nordström (#42) – Jordan Staal (#11) – Andrej Nestrasil (#15)
Bryan Bickell (#29) – Jay McClement (#18) – Viktor Stalberg (#25)
Phil Di Giuseppe (#34)
Jacob Slavin (#74) – Justin Faulk (#27)
Noah Hanifin (#5) – Brett Pesce (#54)
Haydn Fleury (#4) – Ron Hainsey (#65)
Ryan Murphy (#7)
Cam Ward (#30)
Eddie Lack (#31)
Coach: Bill Peters
CAROLINA HURRICANES
Création: 1972. Arrivée à Raleigh en 1997.
Anciens noms: New England Whalers, Hartford Whalers
Propriétaires: Peter Karmanos, Jr. depuis 1994
Patinoire: PNC Arena
Palmarès: 1 Stanley Cup (2006)
Equipe affiliée AHL:
Charlotte Checkers
L’AN DERNIER
10e de la conférence Ouest avec 86 points.
Meilleurs pointeur et buteur: Jeff Skinner (51 points, 28 buts).
Le joueur à suivre :
JACCOB SLAVIN
Avec Noah Hanifin et Brett Pesce, il fait partie d’un trio de jeunes défenseurs qui a surpris son monde l’an dernier. Slavin était sans doute le moins attendu, mais c’est celui qui s’est installé tout en haut de l’alignement défensif des Canes, avec Justin Faulk. Au final, le défenseur américain aura engrangé près de 21 minutes de jeu par match, pour 20 points. Surtout, il a laissé l’impression d’un arrière mature et fiable, très à l’aise dans un rôle de puckmover et solide dans sa zone. Reste pour lui à progresser sur son tir, puisqu’il n’a inscrit que deux buts l’an dernier… sur 84 tirs.
La relève :
L’ÉTOILE AHO
Classement ESPN: 5e
L’avenir de Carolina passe par le repêchage. Et après quelques années de drafting un peu moyen, les scouts de la franchise de Raleigh semblent avoir réglé la mire. La perle de ce prospect pool est sans doute l’ailier finlandais Sebastian Aho (35e overall en 2015), brillant lors des compétitions internationale avec son pays, et qui aura sa chance en NHL dès cette saison. En attaque, les Hurricanes misent beaucoup sur le gros ailier québécois Julien Gauthier (21e overall en juin), un scoreur prolifique et un athlète remarquable à propos duquel la communauté des scouts avait quelques doutes, notamment sur son implication. Ancien choix de deuxième ronde des Kings, Valentin Zykov (37e overall en 2013) est un gros ailier talentueux, mais il tarde à se développer. En défense, le premier choix 2014, Haydn Fleury (7e overall), un arrière costaud, a fait des progrès significatifs l’an dernier et sera un candidat sérieux au top 6 des Canes. Citons aussi le 11e choix overall du dernier repêchage, le talentueux défenseur offensif Jake Bean ou Roland McKeown (50e overall en 2014, choix des Kings). Devant le filet, Alex Nedjelkovic (37e overall en 2014) va découvrir le monde professionnel. Ce petit gardien ultra compétitif pourrait bien succéder un jour au duo Lack-Ward.
Le pronostic de TPPQB
Les Hurricanes se sont renforcés offensivement, mais sans doute pas assez pour se rapprocher des playoffs de façon significative. L’équipe de Bill Peters progresse, et va sans doute continuer à le faire cette année, mais pour être réellement compétitif, il faut plus de talent en attaque. Logiquement, Carolina devrait terminer dans le dernier tiers de la ligue. Et l’on surveillera aussi les affluences, catastrophiques l’an dernier, ce qui tombe plutôt mal quand les rumeurs de déménagement à Québec continuent de courir.